Homélie du dimanche 28 novembre 2021 – 1er Dimanche de l’Avent – Année C

Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur. Le style oral a été conservé.

Par le Frère Jean-Baptise

 

Frères et sœurs, chaque année liturgique s’ouvre, avec la période de l’Avent, plus d’un mois d’avance par rapport au calendrier civil qui se veut laïque.

Pourquoi cette avance de l’Église sinon pour préparer le grand évènement de Noël, pour commémorer la venue du Christ dans l’humilité de notre condition humaine déchue.

Pourquoi alors l’évangile de ce premier dimanche de l’Avent nous parle-t-il du dernier avènement fracassant du Christ à la fin  du monde ? Pourquoi cette contradiction apparente ? Qu’est-ce que la Tradition de l’Église cherche à nous faire percevoir, sous un même regard spirituel, dans ces deux avènements forts éloignés l’un de l’autre dans l’histoire ?

Dans les deux cas il s’agit de saisir dans la foi, l’avènement de ces deux conditions différentes d’une même personne qui transcende le Temps. Le premier état est celui de l’humiliation du Fils de Dieu qui vient avant tout pour expier notre péché ; le deuxième état est celui de son retour glorieux pour nous attirer à sa suite dans la gloire, dans son mystère de divine filiation. Deux états différents mais complémentaires : que l’on pense tout simplement que le second avènement ne pourrait avoir lieu sans le premier.

Le christianisme est fondamentalement la religion de la divine Incarnation, elle touche à notre chair jusque dans notre présent quotidien afin de le surélever par la grâce à sa condition future céleste. Le Christ est le médiateur parfait ! Il a besoin de se faire homme pour nous exaucer vers Dieu ; car ne l’oublions jamais, nous sommes créés à l’image et à la ressemblance de Dieu. C’est pour nous un merveilleux devoir que de tendre à le connaitre et à l’aimer.

Avant même notre baptême, nous portons tous au fond de notre conscience une étincelle divine dont le Christ est l’émetteur ; le prologue de St Jean nous le rappellera justement à Noël.

Oui, à Noël, nous pouvons raviver cette lumière, peut-être en nous un peu défaillante ; ainsi, la raffermir en présence de l’Enfant Dieu qui vient nous tirer des ténèbres.

Dans les premiers temps de l’Église, le baptême était considéré non seulement comme un bain de purification mais encore comme un bain d’illumination ! Nos frères orthodoxes y insistent toujours. On devient membre de l’Église parce que, fondamentalement, nous sommes agrégés et incorporés dans le mystère d’assumance et d’assomption du Christ. C’est lui qui nous retourne radicalement vers le Père.

Nous devons bien comprendre que l’incarnation du Fils de Dieu nous découvre un chemin de Salut qui débouche sur une transfiguration. L’Enfant Dieu vient nous ouvrir l’humble chemin de retour à Dieu par l’humble reconnaissance personnelle de notre éloignement. Il nous demande en quelque sorte de rendre justice à notre prise de distance vis-à-vis de la proposition de Dieu, de sa promesse d’Alliance.

Il nous demande d’entretenir pour lui nouvellement, envers et contre tout, dans notre société si étrangère (du moins dans son expression) à l’idée de dépendance d’un Salut de Dieu. Pourtant, déjà dans l’Ancien Testament, Jérémie prophétisait dans la nécessité de cette divine justification.

« Je ferai naitre chez David un germe de justice ; il exercera le droit et la fidélité à mes lois… alors s’accomplira parfaitement la promesse de bonheur ».

Cette promesse de bonheur n’est autre que la réalisation dans la pauvreté radicale ou absolue de l’Alliance de Dieu avec les hommes ; sachant que le bonheur véritable de l’homme ne peut se trouver que dans le rayonnement de la bonté de Dieu dont il émane.

Par le mystère d’abaissement du Fils de Dieu, tout a été dit sur le mystère de notre propre destinée. Il ne reste qu’à vouloir ou non répondre à cette offre paradoxale de notre divinisation. Quand le Verbe de Dieu s’incarne en nous, il provoque une crise car c’est avec le crible de la Croix qu’il nous propose de le suivre.

De fait le Christ Jésus vient opérer un partage entre les hommes : entre ceux qui accueillent son Évangile et ceux qui le refusent. Ce que nous considérions au départ comme un grand intervalle entre Noël et le jugement, n’est rien d’autre que le temps qui nous est octroyé pour affermir en toute liberté notre décision.

Seul le germe lumineux de la justice du Christ nous permet d’évaluer où nous en sommes par rapport à notre approche de Dieu, dans notre cheminement véritable, vers la sainteté de Dieu.

Noël n’est pas seulement la fête gentille qui s’adresse à de grands enfants – quand bien même ceux-ci se reconnaitraient d’appartenance chrétienne.

Noël, c’est déjà la révélation de la puissance de l’amour de Dieu devant notre déchéance mais aussi la révélation de son ‘impuissance’ face à nos résistances, à notre refus du Salut autrement que par la venue du Christ et sa Passion. Le Fils de Dieu se manifeste alors dans le dépouillement extrême de la crèche qui prélude déjà au suprême dépouillement, encore plus extrême de la Croix.

Mais cela, nous ne pourrons le comprendre sans la foi, comme les disciples eux-mêmes après la résurrection et l’Ascension dans la gloire. Ils ne saisiront en toute vérité ce mystère que sous l’irradiation de l’Esprit de la Pentecôte.

Qu’il en soit ainsi, aussi pour nous, dans cette célébration eucharistique.

 

Historique de nos Homélies

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