Homélie de l’Assomption de la Vierge Marie

Mercredi 15 août 2018 – Année B

Par le Frère Jean

Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur

Le style oral a été conservé

 

Chers frères et sœurs,

Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus s’étonnait en son temps, de ce que les prédicateurs, lorsqu’ils parlent de la Vierge Marie, disent des choses si sublimes, que les auditeurs s’émerveillent et disent « Ah ! Oh ! » … mais que Marie en final leur parait assez lointaine ; et Thérèse ajoutait « Si j’avais à parler de Marie, je parlerais bien plutôt de sa foi, de sa simplicité, de son humilité ».

Une maxime composée par un jésuite du XXVIIème siècle, maxime qui est inscrite sur l’urne funéraire de st Ignace de Loyola à Rome, s’applique me semble-t-il assez bien à la Mère de Dieu que nous célébrons aujourd’hui ; voici ce que dit cette maxime :

« Ne pas être limité par l’immense, trouver pourtant sa place dans l’infime, cela est chose divine ! »

Oui, frères et sœurs, celle que nous célébrons en ce jour est en effet, bien réellement, une femme de son peuple. Descendante comme son époux, Joseph, de la tribu royale de David, une femme pleinement enracinée dans sa vocation d’épouse de Joseph, d’épouse virginale de Joseph, femme et mère, Marie a pris soin de l’éducation de son Fils comme toutes les femmes prennent soin de leur enfant.

Oui, Marie trouve sa place dans l’infime de la vie quotidienne… à Bethléem comme à Nazareth, Marie, comme toutes les femmes d’hier et d’aujourd’hui, fait les gestes de tous les jours ; mais elle les fait avec la légèreté de celle qui n’a jamais connue le péché, l’Immaculée Conception, la nouvelle Eve comme la nomme la tradition de l’Église, ou encore comme seuls les poètes peuvent l’écrire :

« Sur la route de Bethléem, l’âne conduit par Joseph, portait la Vierge ; elle pesait peu, n’étant occupée que de l’avenir en elle » ; cet avenir, frères et sœurs, qui remplit l’âme de Marie sur la route de Bethléem, n’est autre que celui que l’ange Gabriel lui a révélé au jour de son Annonciation :

« Tu vas être enceinte… tu enfanteras un Fils, tu lui donneras le nom de Jésus… il sera grand… il règnera pour toujours sur la famille de Jacob »

Et puis cette Parole de l’Ange qui la concerne directement en son être de femme « L’Esprit Saint viendra sur toi, la puissance du Très-haut te couvrira de son ombre »

Mais d’autres paroles plus douloureuses pour son cœur de mère viendront plus tard s’ajouter à ces paroles :

« Un glaive te transpercera l’âme » lui prophétisera Syméon dans le Temple de Jérusalem. Et cette autre Parole qui lui fût un jour indirectement adressée, en réponse à une femme qui louait Jésus d’avoir une mère pareille : « Heureux plutôt ceux qui entendent la Parole de Dieu et qui la gardent »… louanges indirectes adressées à sa mère qui se tenait à ses côtés. Et puis enfin, cette ultime Parole qu’elle a reçue de son Jésus à la croix ; Parole qui tournait son regard vers l’apôtre Jean, qui à cet instant nous représentait tous jusqu’à nous ici rassemblés ce matin :

« Femme, voici ton fils »

Voici frères et sœurs, quelle est la femme qui monte aujourd’hui dans la gloire auprès de son Fils ressuscité ; qui monte au milieu des acclamations des anges avec son corps et son âme ; prémices de notre propre ascension à l’heure de la résurrection. Oui, « Marie infiniment reine, comme dit Péguy, parce que infiniment servante ».

« Ne pas être limité par l’immense, disions-nous, trouver pourtant sa place dans l’infime, c’est chose divine. »

Voilà, frères et sœurs, ce que Marie nous enseigne aujourd’hui ! Admirable synergie de l’infiniment grand et de l’infiniment petit ! Contraction de l’infiniment divin dans l’infiniment humain !

En Marie, frères et sœurs, les extrêmes se rejoignent ; elle le chantera elle-même dans son Magnificat : « Mon âme s’est remplie d’allégresse à cause de Dieu mon sauveur parce qu’il a porté son regard sur l’humiliation de sa servante ».

Que se rassure sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, nous n’oublions pas que la sainteté de Marie, première après son Fils dans l’ordre de la grâce, ne la sépare pas des « classes moyennes de la sainteté » auxquelles nous appartenons selon l’expression de Joseph Malègue, qu’aime reprendre le Pape François.

Marie s’élève en gloire dans le sillage de son Fils ressuscité, elle nous emporte avec elle, auprès de lui en son cœur de mère, et nous attend pour nous prendre auprès d’elle dans la gloire de son Fils.

Que son regard maternel, en ce jour, frères et sœurs, embrasse toute la famille humaine, toutes les familles de la terre :

La grande famille de l’humanité créée pour Dieu, même si elle ne le sait pas ou si elle l’oublie ;

la famille qu’est l’Église dont elle est la Mère et la servante : Marie, Mère de l’Église ;

les familles de la terre, bien souvent bousculées de nos jours et les enfants qui en sont l’avenir.

Et puisque chacun est unique aux yeux de Dieu, chacun l’est aussi pour Marie qui entend toutes nos prières – comme le dit si bien st Bernard de Clairvaux :

« Qui que vous soyez, lorsque vous êtes assaillis par les vents de la tentation, dit Bernard, lorsque vous voyez apparaître les écueils de malheur… Regardez l’étoile, invoquez Marie ! Soyez sûrs qu’en la suivant, vous ne vous égarerez pas et qu’en la suppliant, vous ne connaitrez pas le désespoir ! »

Voilà frères et sœurs, la femme que Dieu nous a donnée ! En elle tout est simple parce que tout est orienté vers la source de la lumière, Jésus ressuscité qui règne avec le Père dans le feu de l’Esprit Saint.

Amen !

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