Homélie du dimanche 3 octobre 2021- 27ème Semaine du Temps Ordinaire – Année B

Par le Frère Jean-Baptiste

Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur. Le style oral a été conservé.

 

« Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ! »

Voilà une parole forte qui conclut une controverse pharisienne concernant la possibilité de renvoyer se femme d’après une tradition issue de la loi.

Jésus refuse d’entériner une telle possibilité. Voilà donc une parole exigeante que l’Église ne peut enfreindre dans son magistère, même à notre époque où l’homme et la femme revendiquent leur droit à la liberté individuelle intégrale.

Cette parole puissante venant du Christ contient donc un mystère que le Seigneur tente de nous découvrir aujourd’hui encore. Le mariage avant même d’être une institution religieuse est une institution humaine, elle se situe au centre de notre nature humaine ; c’est pourquoi Jésus renvoie les pharisiens au Livre de la Genèse. Dieu a toujours l’initiative en tout, Il créée l’homme et la femme ; et s’Il le fait, c’est qu’Il a une idée derrière la tête… Il a un dessein que nous ignorons, ou que nous ne voulons pas connaitre, tant il est grand et difficile dans son application concrète, à savoir : unir les différences, conjuguer les contradictions.

C’est Dieu qui les fait naitre (l’homme et la femme) à un moment donné de l’histoire, c’est Lui qui les fait se rencontrer un beau jour selon les circonstances particulières, ou parfois très banales. La Genèse nous dit que l’homme et la femme sont faits l’un pour l’autre, dyade de corps et d’esprit qui reflète déjà ici-bas le mystère intime du Dieu trinitaire qui se révèle être le désir de dialogue et de communion.

Les récits de la création de l’homme et de la femme sont de type mythique dans leur narration mais ils sont pleinement inspirés. Nous apprenons ainsi que c’est pendant le sommeil du premier homme qu’est née la première femme à la fin du sixième jour de l’Acte créateur. Ce que la Bible enseigne est vrai mais dépasse très souvent notre entendement.

Au croyant est demandé de percevoir dans la foi qu’il y a partout dans l’Écriture comme le retentissement d’une destinée céleste promise à l’homme, qui se fonde sur l’existence de la nature humaine à partir d’un évènement nuptial qui poursuit l’histoire de chacun et de chacune. Nous devons nous rappeler toujours que ce mystère trouve son fondement en Dieu créateur qui déclare au pluriel le sixième jour : « Faisons l’homme à notre image et à notre ressemblance », à la manière du nombre.

Si la femme est tirée de l’homme, c’est pour nous indiquer, semble-t-il, que la femme n’est pas inférieure à l’homme mais de la même nature et qu’ils sont égaux ; ils ont un  même corps mais différencié, parce que cette différence est signe d’une différence qui existe en Dieu ! Dieu : trois Personnes…

Dieu en effet créée dans l’amour, par amour et pour l’amour.

Merveille de participation à l’amour divin qui est constitué d’attention, d’échange et de réciprocité.

L’amour consiste à se recevoir mutuellement, à consentir, à s’accorder réciproquement.

Nous avons entendu dans la première Lecture qu’avant la création de la femme, l’homme est seul et Dieu fait défiler devant lui toutes sortes d’animaux, parce qu’il doit avant d’avoir une épouse, se construire lui-même, se reconnaitre. L’homme doit pouvoir prendre le gouvernement de lui-même en prenant les formes internes qui le constituent.

« Il se comprend d’une manière analogique par rapport aux divers animaux pour réguler ses nombreuses instances psychiques » dit un exégète philosophe contemporain. Il pourra alors dire le monde, en parler et le réguler bientôt avec l’aide de sa propre femme.

Le premier homme se sent cependant tout à fait autre que les animaux, il se reconnait supérieur à eux. Dieu ne lui demande-t-il pas de les nommer pour exercer en lui ses catégories de pensée, susceptible de prendre conscience de son privilège d’exister en relation avec le Dieu créateur auquel il ressemble.

Adam ne peut vivre seul son rapport avec Dieu, « il lui faut une aide » ; aussi le premier homme tombe en léthargie et découvre à son réveil, la femme que Dieu vient de forger à partir de sa chair ; il lui donne naturellement un nom issu de son propre nom comme nous l’avons entendu dans la traduction française qui nous dit que ce nom hébreu donne celui de : Ish et celui de femme, son épouse : Ishsha.

Adam s’écrit donc : « Voici l’os de mes os et la chair de ma chair ! ». Disant cela, il ne dit pas autre chose : voici l’autre ‘moi-même’ qui me complète et par laquelle nous nous accomplirons ensemble.

C’est à partir de ce passage de la Genèse que l’Église établit sa doctrine sur le mariage : l’égalité responsable de l’homme et de la femme, confirmée dans l’évangile par le Christ en ce jour.

Chacun des deux formant un couple avec les mêmes droits, les mêmes devoirs mutuels, qui exigent de part et d’autre un engagement confiant devant Dieu.

Jésus ne permet plus la répudiation réservée aux hommes ; ce qu’il dit : c’est l’égalité, la dignité de l’homme et de la femme. L’Église a toujours reconnu l’égalité et la dignité des sexes, cependant elle a eu du mal à reconnaitre la valeur du compagnonnage, parce que c’était surtout la valeur de la fécondité qui comptait alors pour elle.

Vatican II a mis sur le même pied ces deux valeurs, en sorte que peut maintenant se déployer la véritable doctrine sur le sacrement de mariage, et l’approfondir en relation au mystère sponsal du Christ par rapport à l’humanité ; cela oblige les chrétiens à se référer à cette signification sacrée invisible… cela, avec la symbolique de l’image nuptiale que l’on trouve dans l’Écriture.

Hommes et femmes ont le devoir de concilier dans le couple l’inaliénable différence des genres, de surmonter dans l’Amour de Dieu la différence sexuelle par la signification qu’elle assume comme source d’une fécondité non seulement physique, mais aussi peut-être plus, spirituelle. Cette grâce du couple doit pouvoir se répandre sur toutes les autres différences et les clivages de la société : différence d’âge, de race, d’origine sociale. L’Amour de charité qui nous vient de Dieu peut alors tout englober et se rattacher à l’amour qui cherche à se diffuser.

Cet Amour de Dieu, partout dans le monde, au profit d’un retour à Dieu de toutes choses pour le salut et la manifestation de la gloire du Dieu créateur et sauveur.

Oui, la sponsalité de l’homme et de la femme reflètent l’Alliance de Dieu et de la création en vue du Royaume déjà en état d’accomplissement dans le mystère du Christ.

Historique de nos Homélies

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