Homélie du dimanche 2 août 2020 – 18ème Dimanche du Temps Ordinaire – Année A

Par le Frère Jean-Marie

Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur. Le style oral a été conservé.

 

Frères et sœurs bien aimés,

Le Seigneur Jésus nous appelle en ce jour à la confiance. Une confiance active, une confiance effective, qui se manifeste au quotidien comme dans les moments plus difficiles de l’existence humaine, moments privilégiés.

La confiance, c’est-à-dire, une foi amoureuse, une foi animée par l’amour, et stimulée par l’espérance. Le Seigneur Jésus réagit avec des entrailles de miséricorde et de bonté.

Jésus vit dans le réel. Jésus vit dans le réel humain et surnaturel des personnes qu’Il rencontre. Il manifeste dans ses paroles, dans ses actes, dans ses œuvres, Celui qui l’envoie, et avec qui Il ne fait qu’Un, le Père.

Jésus exprime la tendresse, la pitié, de Celui qui tout au long de l’histoire Sainte veut déverser son trop-plein d’amour sur les hommes, sur les hommes de toutes conditions.

L’expression même de sa colère dans la première Alliance n’est autre que la mise en œuvre de sa médecine divine pour sauver, pour guérir, pour ramener vers Lui. Son unique but est de nous conduire et de nous introduire dans sa propre communion de vie et d’amour.

Tout est là dans le sens de la création et de la rédemption.

Dans ce récit évangélique de ce dimanche, le Seigneur Jésus, malgré sa fatigue, accueille cette foule ; on pourrait dire ce peuple, ce peuple des gens pauvres, qui n’ont plus d’autre espérance que l’intervention de Dieu. Ce peuple qui le cherche en tous temps et en tous lieux – on pourrait dire, qui le poursuit – cette humanité qui avance sans boussole et sans berger, ne sachant où trouver réponse et repos, compréhension et guérison.

Jésus voit cette foule, Il regarde la foule. Le regard de Jésus… qui n’est autre que celui que Dieu porte sur le monde, sur l’humanité et sur chacun et chacune d’entre nous ce matin.

Un regard de lumière, de vie ; un regard qui sauve ; un regard d’amour, d’un amour éternel ; un regard qui relève sans cesse et toujours, sans limite, sans condition.

Ce regard qui comprend la situation de l’autre et qui reste en silence pour lui redonner la vie.

Jésus, alors, « fut saisi de compassion », comme pour la veuve de Naïm qui enterre son fils unique ; comme sur la ville de Jérusalem où Il pleure.

Jésus prend sur lui, la passion de l’autre pour l’assumer. Il prend sur lui la souffrance de chacun et de chacune.

Amour véritable, charité concrète.

Jésus annonce le Royaume ; Il enseigne ; Il guérit ; Il nourrit. Le Seigneur nourrit le cœur et l’esprit mais aussi les corps. Et nous voyons, aujourd’hui, s’accomplir la prophétie, que nous avons eue en première Lecture, d’Isaïe, dans laquelle Dieu pourvoit avec largesse au besoin de son peuple.

Signification symbolique, messianique, où ce qui est annoncé est accompli et signifie que la Parole de Dieu s’accomplit.

Frères et sœurs, Dieu est attentif ; Dieu n’est pas distrait ; Il n’est pas absent.

Dieu est attentif à nos besoins, nos cécités de la vie et du monde.

Non, Dieu n’est pas absent !

Cependant, sa réponse, toujours présente, vient solliciter notre liberté : Dieu ne fait rien sans nous et Il ne fera rien sans nous ! Sans notre consentement, sans notre ‘oui’, sans notre adhésion libre et amoureuse.

Une des plus grandes difficultés de notre vie, c’est d’accepter, une fois pour toutes, de faire le choix de Dieu.

Plus précisément, de choisir de nous appuyer sur Lui.

Trop souvent, nous voulons nous en sortir tout seul. Et nous avons peut-être la tentation de dire : « Attends, Seigneur, j’arriverai plus tard auprès de toi ; je dois combattre, je dois lutter, je dois transformer, je dois réformer ». Mais nous voulons le faire sans Lui ! En suivant nos propres idées, si belles soient-elles, à nos yeux spirituels de myope !

Vouloir être seul. Faire tout par soi-même. Rechercher seul les solutions, après s’être débattu. Et retourner éventuellement vers Dieu, pour lui apporter le fruit de nos labeurs et de nos grandes réflexions qui vont changer l’Église et le monde… quand ce n’est pas le fruit douloureux de cuisantes défaites et de toupies qui tournent sur soi-même !

Le Seigneur Jésus nous appelle à tout donner ; à se maitriser pour tout lui offrir.

Oui, il faut de la volonté ! Mais notre volonté est invitée à s’engager… mais par amour dans le souffle de l’Esprit Saint.

Nous sommes appelés à vivre en dialogue avec Jésus et pas en monologue avec soi-même.

Notre dépossession devient alors notre force. Nous devenons forts de la force de Dieu !

Il y a deux extrêmes à éviter : une trop grande défiance de soi-même, où ce manque de confiance nous fait nous enfoncer dans du sable mouvant ; et l’autre côté, la présomption.

La présomption qui est un péché et qui nous fait dépasser les limites de la prudence humaine, du bon sens, en s’imaginant que… en fait… nous pouvons tout ! Mais l’expérience nous montre que nous avons des limites.

Alors, oui, nous pouvons reprendre l’expression de Paul : « Qui pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Christ Jésus ? »

Le Seigneur nous demande d’être avec Lui. Être avec Lui, c’est ce qui est comme la définition du disciple dans l’évangile : être avec le Seigneur, « demeurer en Lui » dirait St Jean.

Tout Lui référer.

De l’initiative de nos travaux à la conclusion en passant par les moyens. De tout ce qui nous habite, aussi bien au niveau intellectuel, affectif, tout ce qui constitue notre vie. Être avec Lui pour agir en Lui.

Les apôtres n’ont que cinq pains et deux poissons – et nous parfois on a encore moins ! – Jésus nous demande de les donner, de les apporter.

Le Seigneur n’est pas limité par nos limites, par nos pauvretés ; c’est nous qui nous limitons tout seul, par manque d’audace, pour se livrer à l’action du Seigneur, et accomplir dans le souffle de l’Esprit sa volonté.

Jésus ne regarde pas la quantité mais la qualité du don, comme cette pauvre veuve qui va au Temple de Jérusalem et qui met deux petites piécettes qui passent inaperçues… et c’est elle qui a le plus donné.

Frères et sœurs, bien aimés, nous pourrions retenir, si vous le souhaitez, trois points parmi d’autres dans ces textes de cette messe.

Tout d’abord, de vivre dans le réel, de vivre dans la réalité. Le réel de notre vie et les circonstances présentes de notre vie personnelle, sociale.

Puis, de nous référer en permanence de manière vivante, et non pas statique ou théorique. De nous référer en permanence à Jésus, au Seigneur Jésus, en lui présentant tous les éléments de notre personne et de notre existence, sans exception.

C’est un holocauste !

Un holocauste, dans la bible, c’est le sacrifice qui est entièrement brulé pour la gloire de Dieu.

Il ne s’agit pas de disparaitre, il ne s’agit pas de nous mutiler. Il s’agit de nous offrir totalement pour que nous soyons un élément embrasé par la charité, par l’Esprit Saint. C’est ça !

Jésus nous dit : « apportez les moi ! »…tous ces éléments qui constituent notre vie, les choses agréables, belles, les réussites, les échecs, même nos péchés – bien sûr qu’on reçoit le pardon sacramentel – mais, tous nos échecs, toutes les difficultés, tout ce qu’on voudrait voir évoluer et qui ne bouge pas d’un pouce !

« Apportez les moi »… Dieu fera des merveilles !

Enfin, d’accomplir ce qu’il nous demande personnellement.

Ce matin, chacun et chacune de nous a une lumière du Saint Esprit qui lui demande de faire quelque chose ; d’être ; de changer ; de se convertir sur tel ou tel point ou d’agir, d’avoir le courage de dire des choses ou de se retenir.

D’accomplir ce que nous percevons au fond de notre âme, de notre conscience éclairée par la foi, par la Parole de Dieu, des conseils avisés, ainsi nous ferons l’expérience – pour reprendre le Psaume que nous avons prié – l’expérience que :

« Le Seigneur est juste en toute ses voies, est fidèle en tout ce qu’il fait ».

Amen !

 

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