Homélie de Sainte Marie, Mère de Dieu

1er janvier 2020 – Année A

Par le Frère Jean

Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur – Le style oral a été conservé

 

Chers frères et sœurs, Marie, Mère de Dieu.

C’est le titre que les Églises d’Orient et d’Occident, unanimes, donnent à Marie, lorsqu’elles s’adressent à elle en faisant appel à son intercession. C’est sous ce vocable qu’elle est nommée, tant en Orient qu’en Occident dans les prières eucharistiques de la Messe, et dans les célébrations, en particulier du Temps de Noël.

« Mère de Dieu » est le plus ancien et le plus important titre dogmatique (c’est-à-dire disant la substance de la foi) donné à la Vierge Marie. Il a été défini comme tel au concile d’Éphèse en 431, comme vérité de foi à croire par tous les chrétiens. Ce titre est le fondement de la grandeur de Marie. Il est à la source de tout ce que nous appelons « la théologie mariale ». Ce titre de Mère de Dieu, dit que Marie n’est pas seulement ‘objet de dévotion’, si j’ose dire, de la part du peuple de Dieu, mais qu’il entre aussi dans la théologie, c’est-à-dire dans la réflexion des chrétiens sur le Mystère même de Dieu.

Dieu est directement impliqué, directement concerné, par la maternité divine de Marie.

Entre Marie et le Christ, frères et sœurs, la relation n’est pas seulement d’ordre physique, d’ordre charnel, d’ordre biologique, elle touche au Mystère même de Dieu en ce qu’Il est, en son Être même de Personne divine ; si bien que Marie est située dans un rapport absolument unique avec le Père, à une hauteur absolument vertigineuse. En disant cela – et c’est là toute la grandeur et la beauté de Marie – il faut s’empresser d’ajouter qu’elle reste en tout cela, l’humble, la petite servante du Seigneur.

Au Concile d’Éphèse, cette vérité de Marie, Mère de Dieu, Theotokos, est devenue pour toujours une conquête de l’Église. Un texte approuvé par ce Concile d’Éphèse déclare, je le cite :

« Si quelqu’un ne confesse pas que Dieu est vraiment l’Emmanuel et en conséquence que la Vierge, ayant engendrée selon la chair le Verbe de Dieu fait chair, est la Theotokos, qu’il soit anathème. »

La proclamation de ce texte provoqua une véritable explosion de joie dans la population d’Éphèse qui attendait les Pères à la sortie de la salle conciliaire, et qui les accompagna avec des flambeaux et des cantiques jusqu’à leur demeure. Cette proclamation entraina envers la Mère de Dieu des témoignages de vénération qui ne se démentirent jamais dans la suite, tant en Orient qu’en Occident :

Fêtes liturgiques, icônes, et constructions d’innombrables églises en l’honneur de Marie, en sont la vivante manifestation. Soit-dit en passant, c’est autour de ce titre de Marie, Mère de Dieu, qu’on put favoriser et faire grandir l’unité entre toutes les confessions chrétiennes.

Oui, maternité physique de Marie, maternité charnelle… maternité aussi, pourrait-on dire, métaphysique, qui la situe, comme nous le disions il y a un instant, dans un rapport absolument unique avec le Père ; mais aussi, maternité spirituelle ou maternité de foi qui fait de Marie, la première et la plus Sainte fille de Dieu ; la première et la plus docile disciple du Christ. « La créature, écrit St Augustin, je le cite, dont, pour l’honneur dû au Seigneur, on ne doit même pas faire mention lorsqu’on parle du péché ».

Si la maternité physique de la Vierge Marie, frères et sœurs, est, et demeure le plus grand, le plus inégalable des privilèges, il en est ainsi parce que cette maternité trouve une réponse dans l’humble foi de Marie : Bienheureuse, lui dit Élisabeth, toi qui as cru !… Toi qui as cru !

Élisabeth loue la foi de Marie.

Pour Ève, dont le Livre de la Genèse nous dit qu’elle fut la mère de tous les vivants, faisant d’elle par-là, un privilège unique. Mais puisqu’Ève n’eut pas la foi, ce privilège ne lui fut d’aucun avantage. Bien plutôt, au lieu d’être bienheureuse, elle en devint malheureuse.

Par-contre, Marie est la seule créature à pouvoir dire, en s’adressant à Jésus, ce que le Père céleste lui dit dans le psaume second :

« Tu es mon Fils, moi, aujourd’hui, je t’ai engendré »

Ce titre de Mère de Dieu, frères et sœurs, suffit, à lui-seul, à fonder la grandeur de Marie et à justifier l’honneur qui lui est attribué, et qui lui est rendu par tous les chrétiens.

On reproche parfois aux catholiques d’exagérer l’honneur, et l’importance, attribués à Marie : il faut le reconnaitre, ce reproche a pu être justifié, du moins dans la présentation qu’on en a faite.

Mais on ne pense pas suffisamment à ce que Dieu a fait pour Marie : Dieu s’est tellement engagé pour honorer Marie, en la faisant Mère de Dieu, que personne ne peut en faire ou dire davantage ! « Même si » disait Luther dans son commentaire du Magnificat « …même s’il y avait autant de langues qu’il y a de brins d’herbes ! »

Pour terminer, posons-nous cette question : en quoi ce titre de Mère de Dieu peut-il nous concerner dans notre vie de foi personnelle ? Comment imiter cette réalité de la Vierge Marie : être Mère de Dieu ? Plusieurs illustres Pères de la foi, dont Origène, St Augustin, St Bernard, disent que : sans cette imitation de Marie, son titre de Mère de Dieu resterait inutile. « À quoi me sert-il, dit Origène, à quoi me sert-il que le Christ soit né une fois de Marie à Bethléem, s’il ne nait pas aussi par la foi dans mon âme ? »

Et cela est possible, frères et sœurs, à cause de la maternité spirituelle, la maternité de foi de Marie. Marie est Mère de Dieu, non seulement parce qu’elle l’a porté physiquement dans son sein, dans son corps, mais aussi parce qu’elle l’a d’abord conçu dans son cœur par la foi.

« Bienheureuse toi qui a cru en l’accomplissement de ce qui a été dit de la part du Seigneur »

Au jour de l’Annonciation, Marie a conçu Jésus dans son cœur ; le jour de Noël, elle l’a enfanté…

Bien évidemment frères et sœurs, il ne nous est pas possible d’imiter Jésus dans le premier sens en engendrant charnellement à nouveau le Christ, mais nous pouvons l’imiter dans le deuxième sens, qui est celui de la foi !

C’est la grâce que nous demandons les uns pour les autres en ce jour, en cette grande solennité de Marie Mère de Dieu… qu’elle prie pour nous, qu’elle intercède pour nous, pour le monde et pour l’Église,

Amen !

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