Homélie du Dimanche 26 Janvier 2020 

3ème Dimanche du Temps Ordinaire – Année A

Par le Frère Jean-Marie

Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur – Le style oral a été conservé

 

Frères et sœurs bien aimés,

Célébrer les Fondateurs d’un Ordre, célébrer les Fondateurs de notre Ordre, c’est célébrer et vivifier les fondements de notre vie monastique et de toute vie chrétienne ; c’est revenir à l’essence même de notre charisme cistercien.

Ces trois hommes, qui ont vécu et fonder le monastère de Cîteaux en Bourgogne, étaient mus par un désir ardent, un désir ardent de Dieu, et une fidélité à répondre activement à sa volonté. La présence de ces trois saints sur le lieu même de la fondation s’échelonne de la fin du XIème siècle au premier tiers du XIIème siècle, de1098 à 1134.

1098 étant l’année de fondation où Robert, Abbé de Molesme en Champagne, arrive avec une vingtaine de moines pour instaurer le nouveau monastère. Par esprit d’obéissance, source de vie, Robert retourne à nouveau à Molesme avec quelques frères, et c’est Albéric, appelé aussi Aubry, qui lui succède comme Abbé jusqu’en 1109, date de sa mort.

Durant cette période, le Monastère de Cîteaux semble végéter mais ce temps d’épreuves est également un temps de maturation et d’enracinement… point de profondeur sans racines, c’est-à-dire sans durée et persévérance.

Etienne Harding, qui sera Abbé de 1109 à 1134, a la grâce et la joie de voir s’épanouir l’œuvre commencée. Robert a semé ; il a fondé et s’est éclipsé. Albéric a persévéré ; il a confié le monastère et sa Communauté à la protection maternelle de la Vierge Marie.

Étienne construit la charpente de la vie monastique à Cîteaux même, mais aussi dans son mouvement d’extension qui donne naissance à l’Ordre Cistercien.

Nous pouvons dire que les trois vertus théologales se manifestent dans ces trois fondateurs. Nous pourrions attacher et attribuer à Robert la vertu de Foi, à Albéric celle d’Espérance, et à Etienne celle de la Charité.

Certes, les trois fondateurs, et avec eux leurs frères et fils spirituels, ont vécu ces trois vertus théologales comme tout chrétien fidèle à son baptême et aux promesses de son baptême. Mais cette sorte d’attribution, d’appropriation, est fondée sur l’histoire même des origines de Cîteaux.

C’est pour vivre en permanence dans la charité (dans l’agapè divine : la charité fraternelle) que les moines de ce nouveau monastère, se qualifiant eux-mêmes de « pauvres du Christ », veulent vivre avec ferveur selon la règle de St Benoit sous laquelle ils se sont engagés pour vivre concrètement l’Évangile. C’est pour ce motif : la charité, l’amour de Dieu et des frères, que St Etienne écrit vers 1119, avec les autres Abbés de sa filiation, « la Charte de Charité » : document qui stipule les liens entre les monastères issus de Cîteaux.

Comme la Règle de St Benoit organise la vie au sein de la communauté monastique, la Charte de Charité lie les Abbés et leurs monastères dans ce même esprit. Tout en laissant l’autonomie de chaque Communauté, la Charte de Charité lie entre eux les monastères dans un souci mutuel de Charité, et par la tenue fréquente d’un Chapitre Général pour mieux vivre selon la vie monastique et le propos sous lequel les Abbés se sont engagés.

Cette structure à la fois forte et souple va permettre à l’ordre de se développer et d’essaimer à travers toute l’Europe médiévale, et ce, pendant des siècles.

Aujourd’hui encore la sève cistercienne est vivante sur les cinq continents de notre terre.

En ce dimanche, durant lequel nous célébrons de façon particulière la Parole de Dieu, les Fondateurs de Cîteaux nous ouvrent un sillon spirituel fondé sur cette Parole qui a nourri toute leur vie.

L’importance essentielle de la Présence de la Parole de Dieu a une double expression : dans la liturgie et dans la Lectio Divina.

Cette Lectio Divina, cette lecture méditée et amoureuse de la Parole, cette Parole qui vient de Dieu, de cette Parole qui est Dieu manifesté en son Fils Jésus, Parole incarnée, Parole faite chair. Toujours présente et vivante au milieu de son Église comme auprès de chacun des croyants.

Dans la vie cistercienne comme dans la vie bénédictine en général (puisque la vie cistercienne est une réforme de la vie bénédictine), la célébration de la liturgie des Heures, appelée aussi « Office divin » ou « Opus Dei », tient une place centrale et structure comme la colonne vertébrale la journée du moine et de la Communauté monastique.

Au cœur de cette célébration, la Parole de Dieu en est le centre avec toutes ses harmoniques et ses variations. Mais aussi la lecture méditée de cette Parole, la Lectio, surtout dans le silence bienfaisant de la nuit, vient alimenter et nourrir le cœur du moine comme de la Communauté en tant que telle.

Pour nous baptisés, quels que soient notre vocation et notre état de vie, nous pouvons nous interroger sur la place de la Parole de Dieu dans notre quotidien :

Laissons-nous un temps suffisamment long pour nous nourrir quotidiennement de la Parole de Dieu, à travers les textes de la Messe du jour… ou de la liturgie ?

Nous pouvons aussi célébrer une partie, ou tout entier, l’Office divin, qui est demandé, et une obligation pour les diacres, les prêtres, les évêques et évidemment les moines.

Nous pouvons nous poser la question pour savoir comment cette Parole nous nourrit et nous éclaire ? Nous sommes invités à faire un examen pour nous resituer, nous ré-orienter, afin de mettre en pratique de manière concrète cette nourriture qui nous est proposée par l’Église, qui n’est autre que la Parole de Dieu qui vient à nous.

Comment connaitre le Christ si nous ignorons sa Parole ?

Comment avoir la force de tenir dans les tentations, si nous ne sommes pas soutenus par cette Parole qui vient nous éclairer, nous orienter ?

Mais aussi par la pratique de la vie sacramentelle : la confession fréquente et régulière, et la réception de l’Eucharistie, le plus souvent possible, même chaque jour si c’est possible.

Ce sont trois éléments qui nous aident à vivre vraiment en chrétien et à être vraiment ce que Dieu attend de nous, à accomplir la vocation pour laquelle Il nous a créés, et ce bonheur vers lequel nous tendons.

Puisse la fidélité à nos saints Fondateurs nous éveiller toujours plus à cette vie dans la Parole de Dieu, d’être des hommes et des femmes de la Bible, de manière concrète et pratique, et nous permettre de porter un fruit abondant pour la gloire de Dieu et le Salut du monde.

Amen !

Historique de nos Homélies

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