Homélie de l’Assomption de la Vierge Marie

Jeudi 15 août 2019 – Année C

Par le P. Laurent Stalla

Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur – Le style oral a été conservé

 

Frères et sœurs, nous sommes invités, aujourd’hui, à ouvrir nos cœurs pour que Dieu puisse y déposer un rayon de sa lumière.

La lumière de Dieu est la vérité de l’homme.

Nous avons tous besoin les uns et les autres, qui que nous soyons, quel que soit notre état d’avancement dans la vie et les connaissances que nous avons pues acquérir, nous avons tous besoin de la lumière de Dieu car le mystère de notre vie nous échappe.

Nous sommes là mais nous n’avons rien demandé.

Cette vie ne nous a rien couté et ce monde qui nous accueille est un Don merveilleux !

Mais parfois nous peinons à bien comprendre pourquoi il est si merveilleux lorsque nous voyons la souffrance que les hommes sont capables de s’infliger les uns aux autres. Et de surcroit lorsque nous voyons, et que nous savons – car nous sommes les seules créatures à le savoir – que nous allons mourir… Que nous allons quitter ce monde. Et comme cela nous a été dit, au seuil de notre célébration : nous sommes ici de passage et nous sommes des pèlerins.

Alors, il nous faut un cœur disponible pour recevoir une parole qui nous éclaire. Et c’est la responsabilité de l’Église, c’est sa mission même, que de parler au cœur des hommes, comme à ses enfants, pour leur dire ce qu’ils sont en train de vivre… et où mène ce chemin qu’ils ont commencé à emprunter.

Nous pouvons, en cette heure, nous unir par la prière, à tous les pèlerins qui sont réunis à Lourdes. Et je veux avec vous faire mémoire de la petite Bernadette de Lourdes, à qui la belle Dame de la grotte, a fait cette promesse :

« Je ne vous promets pas de vous rendre heureuse en ce monde mais dans l’autre »

Cette Dame était toute belle d’une beauté que Bernadette ne trouvait pas sur la terre. Ce n’était donc pas une beauté humaine. C’est une beauté divine !

Si nous devions tous ensemble, ce matin, demander à Marie, lorsqu’elle parvient « au terme de son pèlerinage terrestre » comme le dit la formule du dogme de l’Assomption de Marie :

« Marie, parvenue au terme de son pèlerinage terrestre, a été élevée en corps et en âme, à la gloire du Ciel »

Si nous lui demandons « mais où vas-tu ? »… cette Maman nous répondrait : « Je vais à la Maison, mes enfants ! À la Maison, c’est là où je vous attends ! »

Car nous allons vers notre Demeure. Le lieu pour lequel nous sommes faits depuis toujours. Mais il faut nous y préparer. Cette fête de l’Assomption nous fait donc méditer, mystérieusement, sur le terme de la vie de Marie, qui s’appelle la mort. Mais dans le même temps l’Église nous dit « Ne vous laissez pas accabler par cet évènement car il ne constitue pas l’abolition de votre personne ».

La mort est la porte du Ciel ! Cette détermination du Ciel a quelque chose pour nous, modernes, peut-être d’un petit peu passée.

Qu’est-ce que le ciel ? Il s’oppose à la terre. Nous avons le ciel et la terre ; et tout à l’heure dans la prière du Notre Père, nous dirons « Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel »… pourquoi ? Parce qu’au Ciel, la volonté de Dieu est faite ! Et entrer dans le Ciel, c’est entrer dans le lieu où la volonté de Dieu est faite ; pas tellement le lieu mais entrer dans la capacité et dans l’aptitude humaine de faire, enfin, complètement la volonté de Dieu… toute chose qui nous est encore difficile en ce monde.

Marie est entrée dans la joie du Ciel et l’Église l’annonce. Ça n’est pas un petit défi, chers amis aujourd’hui, dans notre société, que de manifester que l’Église catholique porte dans sa foi une Parole, une vérité qui n’est pas que pour les chrétiens !

C’est une vérité qui éclaire la vie de tout homme ! Quelle que soit sa culture, sa religion, sa couleur de peau… ce que nous disons de la vie, vaut pour tout homme !

Il faut pour cela accepter de recevoir. Accepter de recevoir une Parole. C’est avec ce mot « recevoir », ce verbe, que je vais entrer avec vous plus avant dans le mystère de Marie.

Marie, disons-nous, est entrée dans la gloire du Ciel. Je voudrais vous inviter à considérer que dans notre tradition spirituelle, nous insistons beaucoup sur le fait de « donner »… il faut « donner »… il faut « se donner ». Et nous disons que c’est bien là le sens de notre croissance et certainement du chemin de notre sainteté. C’est vrai !

Mais avec la Vierge Marie nous découvrons que « recevoir » c’est aussi se donner ! Je veux dire par là que… Marie a comme caractéristique propre d’accepter d’entrer dans une disponibilité intérieure à la volonté de Dieu.

Elle reçoit. Elle ne donne pas d’abord. Sinon qu’elle se donne dans sa disponibilité pour accomplir la volonté de Dieu.

Il y a dans notre vie, et peut-être en connaissez-vous, des personnes qui aiment beaucoup donner. Beaucoup ! Mais qui n’aiment pas recevoir.

Il y a peut-être des âges dans la vie où nous ne pouvons pas faire autrement que recevoir : l’âge de l’enfance. Il est béni cet âge. Pourquoi ? Parce que l’enfant ne peut « que recevoir ». Puis lorsque l’on sort de l’enfance, on n’a plus besoin de personne, et on va donner. On ne reçoit plus ! On devient hermétique à un don. Peut-être que c’est l’âge de l’adolescence. C’est peut-être que notre société est dans cet âge. Elle refuse d’entendre une parole que l’Église lui dit et qui l’éclaire sur la route de l’homme !

Mais justement Marie, c’est ce mystère de disponibilité à l’œuvre de Dieu, de réceptivité à l’appel. Elle va mettre toute sa capacité de Mère au service du projet de Dieu.

Les époux, dans le mariage, se donnent mais ils se reçoivent aussi. « Je me donne à toi… et je te reçois ». Et pour te recevoir il faut que, d’une certaine façon, je me donne de cette manière. Charles Péguy dira que « Marie est infiniment reine parce qu’elle est infiniment servante ».

Demandons-nous à présent, ce qu’il y a de si particulier dans cette fête de l’Assomption. C’est que Marie est entrée dans le Ciel – ça, à la limite va ! Après la mort, y’a le Ciel ! – mais ce que le dogme de l’Assomption de Marie nous enseigne, c’est qu’elle est ressuscitée dans son corps.

Parce que Marie est parvenue au terme de son parcours terrestre, elle a vécu une mort qui n’est pas mentionnée comme telle dans le dogme, parce que la mort a quelque chose d’équivoque. La mort de Marie n’était pas tout à fait comme la nôtre. Encore que ses facultés biologiques se sont arrêtées. Mais « Marie, dira st François de Sales, meurt dans l’Amour… à cause de l’Amour… par Amour. » Marie est emportée dans l’Amour et la vie de Marie est comme une croissance constante dans l’Amour.

Donc Marie entre dans la gloire du Ciel avec son âme mais elle y entre avec son corps. Pourquoi faut-il donc qu’elle ait un corps ?

Mes chers amis, parce que notre corps est le lieu ultime de la connaissance de l’Amour ! Si nous avons un corps, c’est pour faire l’expérience de l’Amour. Le corps de Marie est ressuscité, car c’est dans son corps que Marie fait l’expérience définitive de l’Amour du Père et du Fils. Son corps est glorifié. Il est totalement saisi par l’Amour.

Cette expérience, nous pouvons la faire les uns et les autres : lorsque nous nous faisons une caresse, nous nous prenons dans nos bras et que nous nous disons : « Ah, mais je n’ai pas besoin de mots pour sentir ton amour là… ce ne sont pas tes mots qui me comblent… c’est ton corps qui comblent mon corps ».

Nous avons un corps et ce corps va être capable de ressentir, de vivre, d’exprimer et ultimement de rayonner la gloire de Dieu. Marie est toute entière dans la joie du Ciel. Je voudrais terminer en vous invitant à conserver dans votre cœur quelques petites maximes toutes simples.

C’est de vous dire que la vie, que nous avons reçue, n’est jamais quelque chose que l’on possède. On ne peut pas posséder la vie. On ne peut que la recevoir ! Nous l’avons reçue au commencement de notre vie et nous allons la recevoir encore. Ne cherchez pas à vous la donner à vous-même, quelqu’un a prévu de vous la donner.

Et puis, encore, vous dire que la vie pour laquelle nous sommes faits – et cette fête est l’occasion de le dire – la vie pour laquelle nous sommes faits… est la vie qui vient !

Personne ne reste en ce monde… mais personne ! Il y a une vie dans la mort !… Une vie à laquelle il faut se préparer. Et justement, Marie enseigne à ses enfants – comme elle a enseigné à Bernadette – comment se préparer à cette vie.

Accueillez dans vos cœurs la volonté de Dieu. Accueillez là.

Et soyez, vous-même, avec toute l’Église, témoin qu’il y a dans le cœur de l’homme un trésor caché !

Chrétiens, nous avons une grande responsabilité à notre époque : c’est de conserver, dans la pensée, aujourd’hui, la possibilité que l’homme soit plus que ce que nous voyons de lui. La grande tentation moderne consiste à dire que nous allons mesurer l’homme et que nous allons décrire et en définir la totalité de ce qu’il est !

Et bien, nous ne pouvons pas le faire, parce qu’il y a en nous toute une part d’invisibilité, qui appartient à Dieu, qui aide Dieu et qui va vers Dieu.

Je ne dis pas que nous serons écoutés. Mais je dis que cette Parole-là fait beaucoup de bien à tous les cœurs, fera beaucoup de bien à tous ceux, dans notre vie, à qui nous pourrons le partager.

« Ça n’est pas parce que tu ne vois pas la vie de mon âme, qu’elle n’est pas là ». Et ce qu’il y a de plus essentiel en nous, c’est bien l’Amour !

Alors, terminons en regardant Marie :

Elle a conçu la Vie, elle entre dans la Vie.

Elle a conçu l’Amour, elle entre dans l’Amour.

Elle a conçu le Ciel, elle entre dans la relation éternelle au Père.

Elle a conçu la résurrection de Jésus, elle ressuscite.

Elle a conçu dans son cœur que l’Amour, seul, fait vivre, alors elle nous aime pour que nous vivions.

Marie habite l’Amour dont Dieu l’aime !

Et bien, chers amis, lorsque vous quitterez tout à l’heure le vallon pour repartir chez vous, que chacun reparte avec, dans son cœur, cette joie très profonde, de savoir que Dieu l’aime.

Que Dieu a déposé dans le cœur de l’homme, a créé le cœur de l’homme, et chacun de vos cœurs, avec cette capacité extraordinaire de le recevoir, Lui, qui est la vie sans fin.

Il a formé le dessein de vous donner la vie parce qu’il vous aime. Il nous appartient, tous ensemble, de nous aider à l’accueillir sans mesure.

Amen !

 

 

 

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