Homélie de la Solennité de Pentecôte – Dimanche 23 mai 2021 – Année B

Par le Frère Jean-Marie

Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur. Le style oral a été conservé.

 

Frères et sœurs bien aimés,

La vie chrétienne est comme un brasier ardent qui veut se communiquer à chaque être humain, qui veut se diffuser, qui a besoin de se répandre. Ce don de la vie nous est communiqué par l’Esprit Saint, troisième Personne de la Trinité ; avec le Père et le Fils, l’Esprit Saint est créateur du monde et assure le salut de l’univers ; avec le Père et le Fils, l’Esprit Saint est la cause, la source et le principe de l’Église, de sa vie et de sa finalité.

En ce jour de Pentecôte, l’Esprit Saint donne naissance à l’Église et à sa mission. L’Esprit Saint est donc comme la vie de notre vie, une vie nouvelle, éternelle, une vie pleine, dense.

Nous voici donc au jour anniversaire de la naissance de l’Église en tant que telle, ce mystère de l’Église.

Jésus disait : « Je suis venu apporter un feu sur la terre »… Frères et sœurs, ce feu est l’Esprit Saint !

Après avoir accompli toutes les Écritures, avec sa passion, sa mort et sa résurrection, Jésus monte au ciel et nous envoie au nom du Père, leur commun Esprit, ce lien d’amour ineffable.

C’est donc, aujourd’hui, l’achèvement de l’œuvre du Salut que nous célébrons. Le temps que nous vivons depuis la Pentecôte, est le temps de l’Église ; le temps de la communication de la vie surnaturelle dans les âmes pour tous les hommes, à travers le temps et l’espace, au fil des générations humaines, jusqu’à l’avènement et l’achèvement final, et le retour en gloire du Seigneur Jésus à la parousie.

L’histoire la plus profonde qui se déroule durant notre existence terrestre, est ce qui se passe au plus profond de notre âme, mais aussi dans l’âme des autres ; l’histoire la plus profonde, est l’histoire des âmes qui va conditionner notre agir et les actes extérieurs ; c’est-à-dire l’accueil ou le refus de la grâce divine qui vient nous chercher, nous secourir, nous solliciter, tout au long de notre pèlerinage terrestre. Cet accueil de la grâce, ou ce refus, va qualifier notre vie et nous préparer au choix définitif à l’heure de notre mort. Ce feu de l’Esprit Saint – ou l’Esprit Saint qui est comme un feu – vient purifier et sanctifier notre vie, notre être, mais aussi transformer, surélever nos relations humaines.

L’amour de Dieu et l’amour du prochain sont inséparables : les deux premiers commandements qui résument la loi, les prophètes.

Par le sacrement de Confirmation, qui est l’un des sept sacrements de l’Église, qui nous communique la vie divine, la vie trinitaire (ce sacrement, aussi appelé en Orient : chrismation, puisque nous sommes conformés davantage à la Personne de Jésus Christ), le baptisé reçoit la plénitude de l’Esprit Saint comme les apôtres réunis au Cénacle, le jour de Pentecôte.

L’Esprit Saint vient nous donner la lumière pour discerner la volonté de Dieu, et la force pour l’accomplir jusqu’au bout, y compris par le martyre, le don de notre vie, de verser notre sang pour Jésus. Nous sommes appelés à nous laisser conduire par l’Esprit.

St Paul nous disait dans la deuxième Lecture : « marchez sous la conduite de l’esprit ! » et il termine son exhortation aux Galates : « marchons sous la conduite de l’Esprit Saint ».

Frères et sœurs, pour être conduits, guidés, selon l’Esprit Saint, trois conditions sont nécessaires :

Tout d’abord, connaitre l’Esprit Saint et ce qui vient de Lui ; ensuite écouter l’Esprit Saint, c’est-à-dire : faire de la place pour l’accueillir en commençant par faire silence en soi ; enfin agir avec promptitude et paix selon ce qui est demandé.

Notre connaissance de l’Esprit Saint se réalise au sein de l’Église, et par elle ; c’est par l’Église que nous connaissons l’Esprit Saint ! Nous recevons l’Esprit Saint, dans et par l’Église, même si Dieu peut agir au-delà des frontières visibles, immédiates, de l’Église ; comme nous le voyons d’ailleurs au chapitre 10 du Livre des Actes des Apôtres : lorsque l’Esprit Saint tombe sur Corneille, centurion romain (troupe d’occupation), et sur ses proches, alors que l’apôtre Pierre leur annonce la Bonne Nouvelle, l’évangile du Salut.

Notre connaissance de l’Esprit Saint vient par la lecture de l’Écriture Sainte, la Bible, que Lui-même a inspirée ; nous vient aussi par la Tradition de l’Église, les Pères de l’Église, les grands spirituels ; puis, par le magistère de l’Église, c’est-à-dire par l’enseignement du Pape et des évêques en communion avec Lui ; par la vie liturgique, par la prière, par les charismes, par les signes visibles de la vie missionnaire, et par le témoignage des saints et des saintes d’hier et d’aujourd’hui.

Nous le reconnaissons aussi par ses effets, en nous et dans les autres, décrits par l’apôtre Paul :

« amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur, maitrise de soi ».

Ce qui vient de l’esprit du Mal est le trouble, la salissure, l’impureté et la brisure ; le Démon veut nous casser, veut nous diviser, veut nous salir, veut nous troubler… rien de cela dans l’Esprit Saint.

L’Esprit Saint nous apporte la lumière intérieure comme une fraicheur, non pas sensible, mais spirituelle ; une fraicheur, une lumière, une douceur, un apaisement, un calme intérieur.

Cet accueil, cette connaissance, demande un cœur qui écoute, un esprit disponible et non encombré, une âme ouverte ; cela demande de faire de la place pour l’autre, de la place pour l’hôte divin. Tout au long de nos journées, revenir à l’intérieur de soi, habiter avec soi-même, faire silence et prier ; prier, c’est-à-dire : entrer en relation avec le Seigneur, avec l’Esprit Saint, pour vivre avec Lui ; et partager notre vie dans une Alliance sereine et féconde.

Enfin, agir avec promptitude et calme, pour accomplir ce qui nous est demandé ; il ne sert à rien d’avoir la lumière et de rester statique !

Mettre en œuvre ce que notre intelligence a reçu comme lumière et certitude. Ainsi, notre vie ordinaire devient vraiment une histoire Sainte ; l’histoire sainte n’est pas pour les autres ; elle est pour chacun de nous !

Une Alliance vécue dans l’humble banalité de l’ordinaire ! Mais notre vie est ordinaire et la sainteté est ordinaire ! L’ordinaire devient alors extraordinaire ; notre vie est surélevée ; non pas dans nos gestes, dans notre extérieur, mais dans ce que nous vivons intérieurement et qui va qualifier nos actions.

La vie prend une densité insoupçonnée et n’est plus banale. Le temps devient une histoire d’amour, un mystère d’Alliance avec Dieu. La vie se développe alors, se déroule comme une aventure dans laquelle les évènements joyeux ou douloureux ne sont plus subis ou écrasants, déprimants, mais dans une rencontre, comme une demande du Seigneur qui suscite notre consentement total et joyeux, paisible et actif.

Nous participons alors, très simplement mais en vérité, à l’extension du Royaume de Dieu sur cette terre, à la transmission de la vie de grâce dans les âmes, à la fécondité surnaturelle de l’Église, notre Mère, qui enfante et sanctifie les hommes.

Nous participons au salut du monde, et à la réponse de l’attente souvent anxieuse de l’humanité qui ne sait où aller ; quel chemin choisir ? Quel sens donner aux évènements ? Quelle orientation choisir… Mais aussi, nous prenons en charge les besoins matériels de tous les nécessiteux, et nous ouvrons les yeux de notre corps, les yeux de notre âme et de notre esprit, pour voir la situation réelle des autres.

Jésus, après sa résurrection, disait à ses apôtres : « tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre. Allez donc ! De toutes les nations, faites des disciples et baptisez les au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit ; et apprenez leur à garder tous les commandements que je vous ai donnés. Et moi, dit-il, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde ».

Frères et sœurs bien aimés, aujourd’hui, dans la puissance de l’Esprit Saint, nous sommes envoyés chacun et chacune en mission dans le champ de notre vie, pour rendre témoignage au Christ Jésus et à l’évangile du Salut, la Bonne Nouvelle de la grâce de Dieu pour aujourd’hui et pour l’éternité.

Amen.

Historique de nos Homélies

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