Homélie de la Résurrection du Seigneur

Dimanche 21 avril 2019 – Année C

Par le Frère Jean

Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur – Le style oral a été conservé

 

Chers frères et sœurs,

Nous avons en mémoire la vision quasi-apocalyptique de la flèche de la cathédrale Notre Dame de Paris s’effondrant en flammes au milieu de la nef. Et cette cathédrale, désormais à ciel ouvert, où gisent au sol, mêlés aux cendres et à la boue, des trésors d’art et de piété accumulés au cours de 9 siècles de chrétienté.

Et au milieu de cette boue et de ces cendres, la Croix glorieuse du Christ restée intacte, avec à ses côtés, la Vierge Marie douloureuse, portant Jésus mort dans ses bras… quelle parabole !

Je pensais alors à cette parole du diacre Étienne qui lui valut d’être lapidé : « Voici », dit-il, « que je contemple les cieux ouverts et le Fils de l’homme debout à la droite de Dieu ».

De la cathédrale de Paris hors-les murs, désormais à ciel ouvert et probablement pour plusieurs années comme notre église de Sénanque, monte désormais vers le Fils de l’Homme – le même que contemplait le diacre Étienne – la prière du peuple de Dieu avec à sa tête le bon berger, l’Archevêque de Paris, ses prêtres, ses diacres, ses consacrés et tout le peuple de Dieu qui vit dans ce diocèse.

Image apocalyptique disais-je, mais aussi, image profondément parlante :

de l’abîme de la détresse, de l’abîme de la déréliction, peut toujours monter vers Dieu, un cri, une clameur, une prière de supplication et des larmes coulées. Comme Job qui disait « Je crie vers toi, Seigneur, et tu ne réponds pas ; je me présente et tu restes distrait ».

Hier, frères et sœurs, Samedi Saint, gisait dans un tombeau – c’est-à-dire dans le lieu de l’extrême pauvreté, dans le lieu de la nuit, dans le lieu des ténèbres – le Corps très saint de celui qui a dit :

« Je suis la lumière, je suis la vie, je suis la résurrection ! ».

Et aujourd’hui, frères et sœurs, en ce matin de Pâques, jaillit la victoire du Ressuscité comme le dira St Paul aux Juifs d’Antioche : « Nous vous annonçons la Bonne Nouvelle : la promesse faite à nos pères… Dieu l’a accomplie en notre faveur, à nous leurs enfants : Il a ressuscité Jésus ! »

Quelques jours avant, Marthe à Béthanie, pleurant la mort de son frère Lazare, s’adressait à Jésus en ces termes réalistes : « Seigneur, il doit sentir… il y a en effet 4 jours ».

Et Jésus lui répondit : « Ne t’ai-je pas dit que si tu crois, tu verras la gloire de Dieu ? ».

C’est bien, frères et sœurs, la gloire de Dieu qui a jailli de ce lieu de mort !

« Il n’est pas mort, il est ressuscité ! »

Cette cathédrale à ciel ouvert de Notre Dame de Paris… n’est-ce-pas là, frères et sœurs, un profond enseignement ? Non-seulement pour l’Église du Christ qui vit à Paris, mais pour l’Église en toute sa catholicité : c’est-à-dire pour chacun d’entre nous, baptisés.

Ce Corps qui ressuscite du tombeau, est un Corps qui n’a pas connu, comme celui de Lazare, la corruption. Comme le prophétisait le psalmiste, s’adressant à Dieu : « Tu ne peux m’abandonner à la mort, ni laisser ton ami voir la corruption ! ».

Jésus, frères et sœurs, a connu la mort comme tous les hommes, et comme nous la connaitrons, et les a rejoints par son âme au séjour des morts ; mais il y est descendu en Sauveur proclamant la Bonne Nouvelle aux esprits qui étaient détenus.

Le cadavre de Jésus n’est pas séparé de la puissance de sa divinité… grand mystère de la puissance divine ressuscitant son Fils. Plus qu’un acte de puissance, c’est de la part du Père un grand acte d’amour. Et c’est ce même acte d’amour qu’il fera en nous ressuscitant d’entre les morts.

Croyons-nous vraiment, frères et sœurs, que nous ressusciterons d’entre les morts ?

Marie de Magdala est allée au petit matin de Pâques à l’encontre d’un mort… or la mort a disparu ! Elle rencontre un Vivant ! Marie de Magdala vint donc annoncer aux disciples : « J’ai vu le Seigneur et voici ce qu’il m’a dit… »

Cette annonce de Marie de Magdala, frères et sœurs, est parvenue jusqu’à nos oreilles aujourd’hui ; elle a suscité, elle a éveillé notre foi.

C’est pourquoi nous sommes réunis ici, en ce matin de Pâques… parce que des femmes comme Marie-Madeleine… parce que des hommes comme Pierre et Jean… tous les apôtres, l’Église de tous les temps, nos parents, nos éducateurs dans la foi, ont témoigné qu’Il est vivant ! Qu’Il viendra à la fin des temps ! Qu’il habite aujourd’hui dans le monde et tout particulièrement dans l’Église qui est le Corps du Christ.

Et dans l’Église, frères et sœurs, le Vivant, Jésus ressuscité, demeure en chaque baptisé, devenu par l’onction Sainte participant de sa vie nouvelle. Il demeure dans le Pain et le Vin, devenus par le souffle de son Esprit, son Corps et son Sang. Il demeure dans le cœur de tous les hommes de bonne volonté qui consentent à l’accueillir avec foi et avec amour, chacun selon sa mesure.

Nous prenons conscience, frères et sœurs, à nouveau, ce matin, que nous sommes faits pour la vie éternelle. De façon très concrète, cela signifie que dès aujourd’hui nous sommes unis grâce au baptême, grâce au sacrement de confirmation, à la passion, à la mort, à la résurrection de Jésus.

« Comprenons bien ceci » dit l’apôtre Paul, « notre vieil homme a été crucifié avec Lui pour que soit détruit ce corps de péché ; désormais rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ notre sauveur ! »

Baptisés, frères et sœurs, nous sommes illuminés ! Illuminés, nous sommes adoptés ! Adoptés, nous sommes rendus parfaits ! Parfaits, nous devenons immortels !

Voilà notre foi ! Voilà notre espérance ! Avec Marie de Magdala et les apôtres, nous pouvons désormais proclamer à notre tour dans les jours de joie comme dans les jours de larmes :

« Le Christ est ressuscité ! En vérité, il est vraiment ressuscité ! Amen ! Alléluia ! »

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