Homélie de la Résurrection du Seigneur – Dimanche 17 avril 2022 – Jour de Pâques – Année C

Par le Frère Jean

Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur. Le style oral a été conservé.

 

Chers frères et sœurs, c’est dans un climat tourmenté dans notre humanité de ce jour, affecté par une crise sanitaire aux rebondissements sans fin ; plus grave encore, le conflit violent qui perdure en Ukraine et en Russie, avec à la clé des millions d’exilés, des blessés, des morts, et dans d’autres pays tels que le Congo, pour ne citer que lui ; et dans notre pays, un climat social inquiétant lorsqu’on regarde l’avenir.

C’est là que l’Église ose proclamer aujourd’hui : Le Christ est vraiment ressuscité !

Pourquoi cette affirmation est-elle au cœur de notre foi chrétienne, de notre foi de baptisé ?

Si nous avons mis notre espérance en Christ pour cette vie seulement, nous sommes les plus à plaindre des hommes, nous dit Paul. Le Christ, notre Pâque (nous l’avons entendu) a été immolé.

Pâques ! Pasca ! Signifie ici : l’agneau pascal, le Christ. En lui nous reconnaissons la source et l’accomplissement du salut des hommes ; autrement dit, de leur bonheur ! L’accomplissement de ‘ce’ pourquoi nous avons été créés ; glorifier Dieu par votre corps ! nous dit encore Paul. Ce corps mortel ! Ce corps, qui comme le corps humain de Jésus, passera par la mort… Ce corps, qui comme le Christ, passera de la mort à la vie éternelle… Ce corps que Dieu a modelé de ses deux mains que sont le Fils et l’Esprit Saint… Ce corps est promis à la gloire !

Par le Baptême et par l’onction du Saint Esprit, au jour de notre baptême, puis à nouveau par le sacrement reçu de confirmation, nous sommes devenus les membres vivants du corps mystique du Christ, que nous appelons la sainte Église. Il ne suffit pas de l’être devenu, il s’agit maintenant d’y demeurer, et en portant du fruit.

St Augustin, l’un de nos pères dans la foi, a cette expression célèbre quand il parle de la Passion du Christ : victor quia victimi : c’est parce qu’il est victime qu’il devient victorieux. Sa mort est à la source de la vie. En passant par la mort, Jésus nous a ouvert une brèche, un passage – Pasca – c’est lui qui nous a fait passer de l’esclavage à la liberté, comme dit st Méliton de Sardes, de la tristesse à la joie, du combat à la fête, de la ténèbre à la lumière, de la servitude à la rédemption.

Aujourd’hui, nous renouvelons notre engagement baptismal, nous le ferons dans quelques instants, en redisant au Christ : « Avec toi, je consens de tacher chaque jour, avec ta grâce, de passer (la Pâque, Pasca) des ténèbres du péché à la lumière que tu es ; de l’homme ancien à l’homme nouveau ; de l’homme psychique à l’homme spirituel ; du vieux levain à la pureté de la vérité ». Ce passage, frères et sœurs, l’Église en est la joyeuse messagère.

Elle invite aujourd’hui tous les hommes de bonne volonté à entrer avec elle dans ce chemin tout à fait unique que nous appelons le chemin pascal.

Pour chaque homme, dit une homélie du IVème siècle, le début de la vie est celui à partir duquel le Christ s’est immolé pour lui. Mais le Christ s’est immolé pour lui au moment où il a reconnu la grâce et où il est devenu conscient de la vie qui lui a été donnée par cette immolation. Je suis frappé par l’actualité de ce vieux texte du IVème siècle : tu reçois la grâce de la vie baptismale, bien sûr, à l’instant où le sacrement t’est conféré par l’eau que tu as reçue sur la tête et la parole qui l’accompagne, mais cela ne sert de rien tant que tu ne deviens pas conscient de ce qui t’est donné à cet instant : un être nouveau !

Ces sacrements de baptême qui étaient nommés dans l’Église primitive : le sacrement de l’Illumination. Ce sacrement est bien un geste du Christ lui-même, qui en cet instant fait de nous des êtres « théophores, c’est-à-dire porteurs de la vie divine.

Ô Chrétien, disait st Léon, la Nuit de Noël, reconnait ta dignité !

Porteur de la vie divine, non pas comme un trésor caché qu’on enfouit aussitôt qu’on l’a reçu, mais qui est appelé à briller comme une lampe sur un chandelier ; vous êtes le sel de la terre, nous dit Jésus, vous êtes la lumière du monde ! Théophores !

Simon-Pierre, Jean, Marie-Madeleine, qui furent les premiers témoins de la résurrection de Celui qui fut leur compagnon de route, leur maitre et aujourd’hui leur Seigneur (kyrios), ont eu eux aussi à passer d’une intelligence limitée de Jésus de Nazareth, à l’adhésion de foi en sa Personne ; car rien ne dépasse en ce monde la foi qui est la plus grande expérience de Dieu. Une foi qui a été passée pour les apôtres, au crible de la mort douloureuse de leur maitre, comme elle est appelée à l’être pour nous : une foi purifiée, une foi passée au crible de la Pâque.

Il en est ainsi de notre propre chemin de baptisé : pas de croissance dans la vie chrétienne qui puisse se passer de participer à la Pâque de Jésus, cette Pâque de Jésus qui est une immolation : l’agneau pascal a été immolé. Cette immolation, nous avons, frères et sœurs, chaque jour de notre vie, à nous l’approprier en nous conformant à notre tour à cet abaissement du Christ en sa Passion salutaire.

En cette Pâque de lumière que nous célébrons aujourd’hui, en communion avec tous nos frères et sœurs en humanité, particulièrement ceux qui souffrent le plus, rendons gloire à Dieu pour le Don incomparable de notre baptême.

Demandons-lui la grâce de vivre de manière cohérente avec le Don reçu et de répondre à l’annonce du Salut par un chemin de conversion.

C’est aujourd’hui le jour de la résurrection, dit st Jean Chrysostome, en cette fête, rayonnants de joie, embrassons-nous ! Appelons frères même ceux qui nous haïssent, pardonnons tout à cause de Jésus ressuscité dans le Christ.

Que la joyeuse proclamation : le Christ est ressuscité ! En vérité, il est vraiment ressuscité, ne soit pas proclamée seulement de nos lèvres mais par toute notre vie.

Jésus Christ est mort ; bien plus, Il est ressuscité ! Lui qui est à la droite de Dieu et il intercède pour nous. Qui nous séparera de l’amour du Christ ? dit encore Paul, J’en ai l’assurance, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu, manifesté en Jésus Christ notre Sauveur,

Amen ! Alléluia !

 

Historique de nos Homélies

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