Homélie de la Nativité du Seigneur

Messe de Minuit – Année C

Par le Frère Jean

Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur – Le style oral a été conservé

 

Chers frères et sœurs, en parlant du mystère de la Nativité que nous célébrons cette Nuit, l’un de nos pères moines du Moyen Age s’adresse à Jésus en ces termes : « Vidé de toi-même tu as transvasé en l’homme toute la plénitude de la divinité ; transvasé, poursuit-il, mais non mélangé ». Dieu reste Dieu et l’homme reste l’homme ! Mais entre Dieu et l’homme, il y a une réelle communication, une réelle communion.

Face à ce grand mystère de Dieu fait homme, frères et sœurs, il nous faut retrouver la faculté d’émerveillement comme le « ravi » de la crèche. En partageant notre humanité, Dieu n’a pas donné ‘quelque chose’, il s’est donné lui-même en Personne en son Fils unique…

Il n’y pas en effet plus réaliste que l’amour divin. L’action de Dieu plonge dans notre histoire ; il assume en lui la fatigue et le poids de toute vie humaine ; en lui, nous pouvons dire, oui, que nous trouvons vraiment le repos !

Nos pères dans la foi, en contemplant le mystère de Noël aiment parler du Verbum abbreviatum ; « Le Verbe s’est anéanti, s’est abrégé, s’est rapetissé », écrivait St Paul aux Philippiens.

La vraie grâce, frères et sœurs, est à rechercher, non peut-être pas tant dans l’écoute du message qui dit la Parole, mais dans la contemplation silencieuse et aimante du Verbe fait chair.

« Si nous voulons être de ceux-là, écrit le bienheureux Guerric, Abbé d’Igny au XIIème siècle, retournons fréquemment à Bethléem et contemplons de plus près ce Verbe qui s’est fait chair ; le Dieu immense qui s’est fait tout petit enfant ; en cette Parole visible et abrégée, nous apprenons à connaître la sagesse de Dieu devenue toute entière humilité ».

Oui, frères et sœurs, cet abaissement de Dieu en notre humanité est le signe de sa grandeur. Il peut se faire infiniment petit parce qu’il est infiniment grand !

« Plus il s’est fait petit dans son humanité, écrivait Bernard de Clairvaux, plus il se montre grand dans sa bonté ; et plus il s’est avili pour moi, plus il doit m’être cher ».

Oui, frères et sœurs, Jésus Christ est venu, et avec Lui, le principe d’un renouvellement total. Mais il doit revenir encore comme dit St Pierre « à la fin des temps ». Le ciel doit le garder jusqu’au temps de la restauration universelle dont Dieu a parlé par ses saints prophètes.

C’est pourquoi, frères et sœurs, à Noël, nous fêtons notre Sauveur sous la forme d’un petit Enfant, mais aussi un germe et une promesse. Certes il est « puissant » comme dit le prophète Isaïe ; Il porte l’empire sur ses épaules. Mais il ne déploie pas dès l’abord toute sa puissance, devant être auparavant Sauveur par la Croix, et ne voulant pas avant le temps, forcer nos libertés sous l’évidence de son irrésistible grandeur.

Il ne veut pas forcer nos libertés ! « Voici que je me tiens à la porte et je frappe. À celui qui m’ouvre, j’entrerai et je prendrai chez lui le souper avec lui. » Apocalypse.

En toute liberté ! Liberté de Dieu et liberté de l’homme ! Libre de l’accueillir ou de ne pas l’accueillir ! Le Dieu que Jésus nous révèle est un Dieu qui s’abaisse et qui relève l’homme déchu, l’homme malade, l’homme défiguré. Il rend à l’homme, à tout homme, la beauté de son visage de Dieu ; il restaure en l’homme sa dignité des origines.

« Chrétien ! Reconnais ta dignité » disait le pape Léon le Grand dans une nuit de Noël à Rome.

En cette nuit de Noël, frères et sœurs, approchons nous de la grotte de Bethléem avec nos pesanteurs, nos doutes, nos peines, nos souffrances. C’est pour nous qu’il s’est fait petit enfant dans la nuit. Dans la nuit, pour que sa lumière dissipe nos ténèbres, pour que l’homme devienne Dieu ! Pour qu’en lui, tout homme puisse reconnaitre le vrai visage de Dieu, le visage de sa bonté.

« Je vous annonce une grande joie, chantaient les anges, aujourd’hui est né un Sauveur, c’est le Messie, le Seigneur. »

Cette joie, frères et sœurs, nous la voulons non seulement pour nous mais pour tous les hommes. Elle nous est offerte dans le signe d’un enfant emmailloté dans une crèche.

Amen !

Historique de nos Homélies

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