Homélie de la Messe des obsèques de Denise Gervais, mère du Frère Jean-Marie

Vendredi 28 septembre 2018

Par le Frère Jean-Marie

Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur

Le style oral a été conservé

 

Frères et sœurs bien aimés, l’être humain est fait pour aimer et être aimé.

Et cet amour n’est autre que le reflet par analogie mais par réalité – analogie voulant dire une réalité humaine, surélevée de manière infinie et qui est comme une image lointaine de ce qui se passe en Dieu mais en vérité – et Dieu pour se manifester à lui (l’être humain) se sert d’éléments humains pour nous manifester son amour ; à tel point que Dieu se fait Homme dans la Personne du Verbe qui vient prendre notre humanité et vivre notre quotidien pour le transfigurer, le transcender et l’introduire dans la vie trinitaire, la vie même de Dieu, sa propre vie, la vie de Jésus.

Parmi les éléments et les grâces qui nous sont donnés pour participer à cette vie, il y a le mystère de la filiation.

Tout être humain a un âge mais un père ou une mère n’a pas d’âge… par rapport à ses enfants… un père reste un père, une mère reste une mère, quel que soient l’âge et l’époque ; et c’est irréversible, donné pour toujours ; un père reste un père… une mère, tant sur le plan humain que sur le plan spirituel.

Ce mystère de la filiation humaine – on se reçoit comme fils et filles et on devient soi-même père et mère, soit sur le plan humain et sur le plan spirituel… surnaturel plus exactement – est une image mais une réalité de l’amour de Dieu, de l’amour trinitaire, qui nous annonce et prépare le don de la filiation divine que nous recevons par le baptême ; et ma mère a reçu comme tous ceux qui sont ici et toutes celles qui sont ici le baptême.

C’est-à-dire : nous avons été introduits, par le Christ et dans le Christ, dans la vie trinitaire ; si tout être humain est enfant de Dieu selon la nature puisque voulu par Dieu et choisi par Dieu, le baptême fait de nous des enfants de Dieu dans la vie même de la Trinité, fils et filles du Père par le Fils dans l’Esprit Saint.

Nous sommes sauvés et transfigurés, transcendés, par le mystère de Dieu qui nous introduit dans sa propre vie ; qui est le but de la création !

Le but de la création, c’est pas de rester sur terre, de travailler, de peiner, de vieillir, de souffrir, de plus en finir… mais c’est de passer de ce monde qui est une préparation à la plénitude du Royaume, qui est voulu par Dieu – c’est vrai tant sur le plan personnel que sur le plan communautaire et de toute l’humanité.

Donc le dessein de Dieu s’accomplit à travers les siècles et les millénaires ; et nous attendons le retour du Christ dans la gloire ; nous attendons qu’il vienne afin d’accomplir cette plénitude pour toute l’humanité !

L’être humain est fait pour le bonheur !

Nous voyons qu’ici-bas le bonheur est réel mais relatif, fugitif, fugace, souvent il nous passe à travers les mains comme du sable qui coule à travers nos doigts. Mais c’est une réalité, nous serons comblés après notre mort biologique.

Et quand nous accompagnons un être cher à travers les mystères, les ravins de la mort… et bien nous savons que c’est une naissance au ciel !

Pour nous chrétiens, la mort n’est pas la catastrophe finale mais c’est une naissance à la vie de Dieu. Nouvelle naissance comme une maman qui met au monde un enfant : c’est un moment difficile mais c’est pour la vie.

Et cette vie va passer à travers les ravins de la mort mais avec le Christ, par le Christ et dans le Christ ! C’est-à-dire nous allons de Jésus à Jésus, en passant par Jésus !

Et nous sommes invités à adhérer, à espérer et à prier, à travers ce grand mouvement pascal où nous sommes enracinés dans la personne du Christ qui, comme frère ainé, premier de cordée, nous entraine à travers le passage de la souffrance, de la passion, de l’agonie, de la mort pour entrer dans la plénitude de la vie.

La mort d’un chrétien, c’est sa naissance au ciel, le dies natalis comme disent les anciens ou les modernes ; nous naissons au ciel, c’est la véritable naissance, au sens de plénitude.

Et donc nous qui sommes chrétiens, nous recevons le corps et le sang de Jésus… c’est pas un symbole, c’est pas une signification, une valeur… c’est la Personne même de Jésus que nous recevons dans le sacrement de l’Eucharistie, et qui nous transforme, qui nous change en lui. Notre vie chrétienne est un mystère d’Alliance, un mystère nuptial où chaque âme, chaque être humain, chaque homme et chaque femme, est appelé à adhérer à Jésus dans une communion de foi, d’espérance et d’amour.

Et cela durant toute notre vie ! Pour vivre de cet amour trinitaire et pour passer au moment de la mort… et bien, de cette vie d’ici-bas à la même vie mais une vie en plénitude – en fait il n’y pas de rupture, c’est à nos yeux qu’il y a une rupture ; bien sûr que la mort est la séparation de l’âme avec le corps : quand nous voyons quelqu’un, nous voyons son corps ; quand il y a un corps sans âme, ça s’appelle un cadavre – et nous sommes invités à espérer et à prier pour nos frères et sœurs qui nous précèdent et qui auraient besoin encore d’être purifiés : ce que nous appelons l’état de purgatoire, qui en fait est l’institut de beauté pour l’âme ; certaines personnes pensent beaucoup à leur corps mais il serait très utile de penser au bien de leur âme et à leur éternité, pour préparer leur âme justement à paraitre devant Dieu parce que c’est l’enjeu simplement de notre éternité.

Et nous sommes invités, donc en ce jour où nous célébrons les obsèques de ma mère, de demander cet accroissement de foi, d’espérance et d’amour pour prendre davantage conscience et expérimenter que nous sommes follement aimés par Dieu !

Et comme le disait st Grégoire le Grand, pape au VIème siècle qui a écrit la vie de st Benoit :

« De vivre dans la solennité de son amour »…c’est le but de la vie humaine.

Vivre dans la solennité de l’amour de Dieu dès à présent dans la vie de foi, et la vie sacramentelle en recevant Jésus.

Et comme nous le rappelait st Pierre dans la première lecture « d’être des pierres vivantes de l’Église et de la société »… non pas des pierres qui brillent mais qui éclairent… des pierres vivantes… et qui nourrissent cette vie, nous en sommes nourris, et qui aident les autres à s’en nourrir, de transformer notre monde, de le transcender.

Alors que cette célébration soit une occasion d’adhérer plus fermement à la Personne de Jésus, d’espérer en lui, de prier pour tous les défunts, pour ma mère, et mais aussi pour nous fortifier les uns les autres dans la communion des saints.

Nous restons en communion même avec ceux qui nous précèdent ! Toute l’humanité depuis des millénaires qui nous précèdent… ils continuent à vivre !

Le cimetière n’est pas la fin de tout ! Ils continuent à vivre dans une autre dimension, une plénitude de vie où nous allons les rejoindre.

Et comme le disait avant-hier un frère qui enterrait le frère Patrick qui est mort d’une crise de diabète, il disait « Patrick, attends nous arrivons ! »

Et c’est une vérité, c’est pas une plaisanterie ; nous allons vers le Seigneur, nous allons vers eux, pour vivre tous ensemble ; et nous allons le dire dans la prière eucharistique « de nous retrouver tous ensemble et pour l’éternité ».

Mais cela frères et sœurs suppose un combat ! Ce n’est pas une espèce de gâteau partagé, facile où nous faisons n’importe quoi…et Dieu nous aime… et allons y… non !

Nous avons le devoir de répondre à l’amour de Dieu. Et là il y a une gravité d’accomplir ses commandements ! Et l’Écriture sainte nous le rappelle, l’Apocalypse nous le rappelle :

« Ceux qui gardent les commandements de Dieu et la Parole de Jésus »

Et donc il y a un combat en nous durant toute notre vie, notre vie est un combat pour être fidèles ; et si nous tombons, nous nous relevons… nous recevons la miséricorde dans le sacrement de pénitence… et en avançant sans arrêt pour aller de l’avant.

Et donc demandons au Seigneur la grâce d’avoir la lumière, et la force, et la persévérance pour être fidèles à cet amour et d’être des témoins authentiques et lumineux de l’amour de Jésus.

 

Historique de nos Homélies

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