Homélie de la fête de Saint Bernard – 20ème Semaine du Temps Ordinaire – Année C

Par le Frère Jean-Marie

Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur. Le style oral a été conservé

 

Frères et sœurs bien aimés, Jean le Baptiste nous parle de joie. Sa joie est complète car il est près de l’Époux, Jésus le Christ qui est là pour se préparer à sa Passion afin de sauver toute l’humanité. Jean se laisse glisser dans la vocation qui est la sienne et ne regarde pas à côté par jalousie.

La jalousie qui est le propre du diable, vient comme un angle dans un arbre pour le faire éclater, vient diviser les personnes, les familles, les couples, les communautés, l’Église, l’humanité, afin de monter les gens les uns contre les autres.

La présence de Jésus est là pour nous apporter la paix et la joie. Une joie et une paix qui passent par la Croix. Cette joie manifeste la réponse à l’amour de Dieu ; cet Amour qui s’exprime par le mystère de la Croix. Jésus vrai Dieu et vrai homme qui meurt sur la croix pour nous sauver ; pour nous intégrer, nous réintégrer, dans la vie divine, la vie surnaturelle. Nous sommes faits pour l’infini ; nous ne sommes pas faits pour le fini ! C’est pour cela qu’ici-bas, nous pouvons nous noyer (c’est à éviter) dans toutes les réalités humaines : l’argent, le plaisir, les honneurs, la richesse, c’est indéterminé… ce n’est pas infini. Dieu seul est infini ! Ici-bas, il n’y a pas d’infini ou l’infini mathématique si vous voulez. Mais il n’y a pas d’infini, il n’y a que Dieu qui est infini. Nous sommes tous limités, même si on met beaucoup de chiffres avant la virgule ! À un moment donné les chiffres s’arrêteront.

Nous sommes appelés pour cet Infini qui est Dieu. Nous sommes faits pour le bonheur éternel, pas pour les difficultés éternelles. Nous sommes appelés à rentrer dans ce mouvement qui, nécessairement, est une suite de Jésus qui nous fait passer par le Golgotha, le mystère de la Croix qui est le mystère du Salut. Car nous sommes blessés par le péché, nous sommes abimés, fracturés. Le Seigneur vient nous ressaisir !

Pour manifester son amour qui est infini, Dieu emploie des images, emploie des signes, notamment le signe du corps, mais aussi le signe nuptial ; le signe de l’alliance, l’alliance peut être multiple, mais l’Alliance nuptiale. Cette alliance nuptiale parcourt toute la Bible, toute la révélation. Nous sommes appelés à rentrer dans cette attitude de réception de cet Amour nuptial de la part du Seigneur, du Père, qui se manifeste par Jésus, dans la puissance de son Esprit Saint. La Trinité est inséparable, nous sommes appelés à répondre à cet amour.

Le Baptiste va subir le martyre de manière paradoxale puisqu’il va mourir martyr pour avoir témoigné de la sainteté du mariage dans une situation d’adultère avec Hérode et Hérodiade. C’est lui qui, ayant toujours vécu dans la chasteté et la virginité, va être décapité par la jalousie d’une femme à qui Jean Baptiste reprochait ou reprochait à son amant de commettre l’adultère… paradoxe des choses, et pourtant il meurt à l’âge de trente ans pour ce motif.

Nous sommes invités à rentrer humblement dans ce mystère d’Alliance. C’est ce qu’a vécu st Bernard, qui était relativement doué, plutôt timide de caractère d’après les témoignages de l’époque, et qui va se laisser saisir par le Christ, et prendre totalement par la grâce divine. C’est cette grâce que l’on peut demander aujourd’hui les uns pour les autres, chacun et chacune : de répondre à la vocation qui est la nôtre.

Quelle que soit notre âge, quelle que soit notre situation, marié, célibataire, moine séparé, veuf, etc… d’accueillir la Présence du Seigneur et de nous laisser guider sur le chemin de la sainteté là où nous en sommes ! Le danger de notre vie chrétienne, c’est de vouloir toujours être ailleurs ou dans une situation autre… nous sommes un peu des insatisfaits chroniques : quand on va à droite, il faut aller à gauche ! Quand on va à gauche, il faut aller à droite… d’accepter une fois pour toutes notre situation telle qu’elle est, sans nous déprimer, sans nous révolter.

À partir de là, d’accueillir la Présence de Jésus, nous laisser transformer par sa grâce, cela s’appelle la conversion. Faisons le choix, à partir de ce matin de dire : je veux suivre Jésus quoi qu’il m’en coute !

Et laissons nous transformer par sa grâce comme st Bernard, comme Jean le Baptiste. Bernard qui avait des défauts, qui avait des difficultés, qui a été critiqué et qui a fait des erreurs…il ne s’est pas laissé arrêter par cela, il s’est laissé transformer pour porter beaucoup de fruits. Demandons cette grâce les uns pour les autres, pour les moines, pour les laïcs, les prêtres, afin que nous sachions accueillir la Présence de Dieu, nous laisser conduire par le souffle de l’Esprit Saint ; de ne jamais contrister l’Esprit Saint au fond de notre conscience. Chacun et chacune d’entre nous, avons une voix spirituelle qui nous dit : « fais ça et ne fais pas ça ! »… c’est le propre de la conscience humaine.

Soyons fidèles à cette conscience, mus par l’Esprit Saint (c’est ce qu’on appelle les motions de l’Esprit Saint) ; depuis notre baptême, l’Esprit Saint travaille en nous, encore faut-il l’écouter ! Dieu peut frapper à notre porte, si on n’ouvre jamais la porte, il restera dehors, y compris sous la pluie !

Nous sommes appelés à être attentifs et fidèles à la voix de Dieu dans notre conscience, dans notre âme, et d’avancer. Mais plus encore, de collaborer à cette voix, afin de porter du fruit, de ne pas rester statique, stérile… mais comme Jean Baptiste, comme St Bernard, de mettre toutes nos qualités, y compris nos défauts, d’accepter nos défauts, nous sommes des êtres limités, des hommes et des femmes cabossés par la vie. Acceptons le humblement, ne nous imaginons pas qu’on est au-dessus des autres ! Personne n’est au-dessus des autres !

Nous sommes appelés à accepter nos limites et de porter du fruit à travers même ces limites, qui sont comme transfigurées par la grâce de Dieu. Bien sûr qu’il faut changer, s’améliorer, sortir du péché, et avancer avec fidélité et vertu, c’est évident. Mais le moteur de cela, c’est la grâce de Dieu (on confond les effets avec le moteur : la vitesse ne vient pas des roues, elle vient du moteur !)

Nous sommes appelés à nous laisser transformer et aimer par le Seigneur ; c’est dans la mesure où nous allons nous laisser aimer par Dieu que nous pourrons lui répondre amour pour amour, et remplir la vocation pour laquelle nous avons été créés : une vocation ordinaire mais aux yeux de Dieu, il n’y a rien d’ordinaire, nous sommes faits pour l’éternité ; notre ligne d’horizon, c’est l’éternité !

Ce n’est pas une médiocrité que l’on entretiendrait pour nous satisfaire. Nous sommes appelés à vraiment rentrer dans ce mouvement et nous laisser transformer par la grâce de Dieu pour porter le fruit que Dieu veut que nous portions, comme Bernard, comme Jean Baptiste, comme tous les saints… à notre place.

Laissons-nous saisir aujourd’hui, et prenons un temps de silence après cette homélie, pour ouvrir notre âme, notre cœur, notre intelligence, à la puissance de la grâce ; de dire oui ; et d’avancer sur ce chemin afin de porter le fruit et d’accomplir la vocation qui est la nôtre et de répondre avec fidélité.

Chacun et chacune d’entre nous, sommes unique dans l’histoire de l’humanité, unique !

Nous avons une histoire unique et donc une réponse d’amour unique à donner à Dieu qui est Amour.

Historique de nos Homélies

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