Homélie Sainte Marie Mère de Dieu – Dimanche 01 janvier 2023 – Année A
Par le Frère Jean-Baptiste
Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur. Le style oral a été conservé
En ce jour Octave de Noël, l’Église vénère la Vierge Marie en son titre éminent de Mère de Dieu. Il est bon de savoir que cette célébration remonte en occident, avant même son inscription à ce jour qui marque le commencement de la nouvelle année.
L’histoire ancienne nous apprend que la piété populaire de l’invocation de sainte Marie Mère de Dieu, s’était répandue depuis longtemps dans les églises du pourtour de la méditerranée, bien avant sa reconnaissance officielle par les autorités hiérarchiques. Au IV° siècle, puis au tout début du V° siècle, des chrétiens cultivés, plusieurs évêques, marqués encore par l’esprit du paganisme de l’antiquité, craignaient une mauvaise interprétation de ce vocable audacieux, inspiré de la Salutation d’Élisabeth à sa jeune cousine enceinte « de son Seigneur », comme le rapporte la scène de la Visitation : comment la mère de mon Seigneur vient à moi !
Ne hisserait-on pas alors l’humble Vierge de Nazareth au rang de déesse?
Sous l’influence du vieux courant théologique hérétique Arien qui niait la divinité du Christ, certains évêques d’Orient ont tenté d’enrayer ce mouvement de piété envers la Vierge Marie en assurant que Marie était seulement mère de Jésus, entendu comme mère de la seule humanité du Christ.
On perçoit la subtilité de l’objection ; et l’on sait que mille ans plus tard se reproduira en Occident la même contestation avec la Réforme, détachant ainsi paradoxalement Marie du mystère de l’Incarnation. Mais cette opinion fut vigoureusement combattue à cette époque, à partir des saintes Écritures, notamment du récit de la Visitation rapporté par saint Luc et le prologue de St Jean ; aussi fut-elle finalement condamnée par le concile d’Éphèse en 431 par la proclamation officielle de la Vierge et d’un nouveau vocable lié à son enfantement charnel : « génératrice de Dieu », traduction littérale de l’appellation grecque : Théotokos.
Par cette démarche théologique se trouvait réaffirmé l’unité indissoluble de l’humanité et de la divinité dans l’unique Personne du Fils de Dieu incarné, et par voie de conséquence, se voyait confirmé que Jésus le Christ n’était pas substantiellement différent de la Personne divine du Père. Le Mystère de l’incarnation retrouvait sa place foncière et universelle pour l’élucidation de la valeur quasi infinie de la Rédemption.
De même la condition du genre humain en tirait également une élévation singulière, du fait que cette relation de l’âme spirituelle avec Dieu, qui constitue la personne radicale, était désormais rendue possible pour chaque homme et chaque femme, et cela, vis-à-vis de chacune des trois Personnes divines !
À quelle merveilleuse dignité de communion, les chrétiens n’étaient-ils pas conviés ?
Le Pape St. Léon exultait peu après la proclamation solennelle de ce titre prestigieux. De par sa qualité de Mère de Dieu, la Vierge apportait à toute maternité une distinction incomparable.
Elle découvrait aussi, et plus encore, la fécondité intérieure spirituelle de la virginité et de la chasteté dans le plan divin comme voie privilégiée pour la sanctification, et l’accès à l’union à Dieu.
La maternité de la Vierge Marie se présente ainsi à nous comme fondatrice de sa médiation de toutes grâces ; la plus spécifique d’entre elles paraissant être celle de développer cette capacité d’Alliance de l’humanité avec son Dieu créateur, sauveur et sanctificateur, en vue d’un prochain partage du Royaume des cieux.
Rendons grâce à Dieu, frères et sœurs, de pouvoir participer déjà en Église, des fruits de cette divine Maternité ; et à notre tour, efforçons nous de la rendre vraiment fructueuse !